A Kindamba, rentrée dans les W.C, une femme y disparaît !
Kindamba,
ville et district, est située dans le nord-ouest du département du
pool, en République du Congo, à environ 100 kilomètres de la Capitale Brazzaville.
Proche
des localités de Kiosi, Ngounga, Kandou et Kimbaka, la ville-district de
Kindamba, dispose de l’unique aéroport que compte le département du Pool.
Avec
ses 17.295 habitants, Kindamba est riche en produits agricoles, et nourrit
notamment en légumes, la ville-capitale et constitue avec les autres districts
du pool, le grenier de Brazzaville.
L’agriculture
maraîchère se développe dans la périphérie de cette ville. Les hommes et les
femmes de cette localité, y consacrent l’essentiel de leur temps.
Le
matin, les enfants se rendent à l’école, et la ville se meurt parce que les
gens de la contrée se rendent à pieds, à quelques kilomètres de là, pour
s’occuper par le travail de la terre.
Travailleur,
le peuple de Kindamba, tout comme celui qui habite la région du Pool, aime
gagner par la force du poignet. Ici, la place n’est jamais laissée aux
paresseux.
Tout
ce qui se gagne, se mérite. Et, la foi chrétienne qui est souvent au centre de
toute action, participe de cette attitude. Ora et labora : « prie et
travail » avait dit le penseur latin. Cette maxime en terre congolaise,
n’a jamais été aussi bien appliquée que dans le département du Pool.
Arlette,
la quarantaine passée, était mariée à Alphonse et était mère de quatre enfants,
dont 3 filles et 1 garçon. Dès 5 heures du matin, elle était debout.
Après
la récitation du chapelet, à la Sainte-Vierge Marie , qu’elle appelait
affectueusement Mâ Bouesso, elle ouvrait la demeure familiale, construite en
briques de latérite.
Avec
son balai à tiges de feuilles de palmier à la main, elle apportait la propreté
à la cour que recouvraient la nuit venue, les feuilles mortes des arbres
fruitiers qui faisaient la beauté de cet espace.
Elle
finissait par disposer une fois le balayage terminé, les détritus ainsi
amassés, en un seul bloc, avant de disperser quelques gouttes de pétrole
lampant dessus, et y mettre le feu.
Avant
que ses quatre enfants ne se réveillent, Arlette prenait toujours le soin de
laver la vaisselle, de mettre la maison en ordre, et de faire chauffer l’eau
qui servira à leur préparer le petit déjeuner.
L’eau
chauffée, était gardée dans une thermos, pour la maintenir longtemps à sa
température initiale. Après quoi, Arlette recueillait l’eau du puits dans les
sceaux qu’elle disposait à l’entrée de la douche, pour permettre aux membres de
sa famille de se doucher une fois debout.
Elle
ne se lavait et ne prenait son petit déjeuner, qu’après le départ à l'école de ses enfants. Avec Alphonse son mari, elle gagnait par la suite la périphérie de
Kindamba vers 9H, pour travailler la terre et assurer les récoltes.
Vers
13h, pendant que son mari restait enlever les mauvaises herbes et veiller à la
santé des jeunes pouces, Arlette gagnait le marché de la ville, pour
commercialiser le fruit de leur labeur, et assurer la popote du jour.
Elle
regagnait la maison vers 16H, pour préparer le repas du soir. Les enfants qui
rentraient tôt, se contentaient souvent d’un bouéka bouéni. Une sorte de
poisson salé noir, très dur, qui accompagne souvent le gros manioc du Pool,
appelé nguri yaka, pour un petit repas sec, parfumé de piments rouges et
d’oignons.
Arlette,
au fil des années, avait fini de par son activité maraîchère avec son mari, à constituer une bonne épargne. Ce qui lui avait permis avec Alphonse, de
multiplier les acquisitions de parcelles de terrain à Kindamba et ses environs.
Pas
moins de 15 parcelles de terrain, pour un couple si jeune. Arlette estimait en
effet que les parcelles de terrain, était l’unique investissement à consentir.
Elle
caressait le rêve, avec son mari, de lancer un projet immobilier de grande
envergure à Kindamba même, avec le concours de la caisse locale des MUCODEC,
une mutuelle d’épargne et de crédit présente sur tout le territoire congolais.
Arlette
et Alphonse, avaient déjà présenté leur projet aux MUCODEC. Le responsable
local, Mr Manouana, attendait la validation de celui-ci, par sa Direction
départementale, située à 53
kilomètres de là, dans la ville de Kinkala, chef-lieu du département du Pool.
Mr
Manouana, ne manquait pas après le travail, de prendre du vin local avec ses
amis. Ivre, il laissait parfois glissé à son auditoire, quelques infos sur les
avoirs de ses clients.
Plusieurs
fois, il avait cité le nom d’Arlette. Il affirmait que le compte ouvert aux
MUCODEC, portait son nom et non celui de son mari et que ses réserves
financières étaient les plus importantes de toute la ville. Il avait par
ailleurs violé le secret de son projet immobilier, qui faisait l’objet de
toutes les conversations désormais à Kindamba.
Le
bruit avec le temps, avait fini par se répandre dans toute la ville. Et Arlette
qui n’avait pas de copines dans cette localité, était désormais traitée de tous
les noms d’oiseaux.
Elle
avait fait le choix de travailler dur la terre avec son mari, pour gagner de
l’argent, et s’occuper de ses enfants que de traîner avec les amies. Elle profitait
du temps qui lui restait, pour rendre grâce à Dieu et se rendait régulièrement
à l’église Saint-Théophile, prier Mâ Bouesso.
La
famille de son mari, suite aux rumeurs de la ville, finira par se mêler de la vie de son couple. Elle sera accusée de sorcière par les frères et sœurs d’Alphonse,
et elle essuiera de leur part, la promesse de déshéritement avec ses enfants de
tous biens, le jour où leur frère rendrait l’âme.
Arlette
en souffrait grandement. Alphonse ne savait quoi faire, et avait fini tout
comme sa femme, à fuir le monde extérieur et se consacrait à fond dans son
travail.
Les
frères et sœurs d’Alphonse, après plusieurs années, souhaitaient ouvertement la
mort d’Arlette pour récupérer disaient-ils leur frère, des mains de cette
prédatrice.
Un
jour, au milieu de la nuit, vers 2H du matin, Arlette a eu envie de faire pipi.
Elle se lève du lit, et Alphonse réveillé, demande à sa femme où est-ce qu’elle
se rend à cette heure de la nuit. Elle lui répond et lui demande de
l’accompagner.
En
effet, les W.C se trouvaient à l’extérieur de la maison. Pour faire ses
besoins, peu importe l’heure où le temps qu’il faisait dehors, il fallait sortir.
Le vase était depuis abandonné par Arlette, tant cela l’infantilisait.
Un
carré fait de tôles dehors, avec un pagne qui sert de porte, faisait office de
lieu de décharge. Un trou long de 4
m , qui libérait à intervalles réguliers, de la fumée
dégagée par la charge fécale, servait de récepteur d’urines et de matières
fécales.
Ce
haut-lieu du pipi et du kaka, était installé à l’entrée de la parcelle, loin de
l’espace vie, pour ne pas gêner par ses odeurs, les habitants de la maison.
Arrivée
sur place, à 2H du matin, Arlette s’y faufile, par la porte de pagne, pendant
qu’Alphonse, à l’entrée, l’attendait. Au bout de 10 minutes, Alphonse fatigué,
demande à sa femme de se magner.
10
minutes plus tard, Arlette ne réagissait toujours pas. Devenu menaçant,
Alphonse promet à sa femme de regagner la maison dans 5 minutes si elle
continue de traîner.
10
minutes plus tard, avant de regagner la maison, Alphonse décide d’ouvrir la
porte en pagne, pour voir ce qui pouvait justifier 30 minutes passées dans les
W.C.
Et
là, surprise. Arlette n’était pas dans les W.C. Première réaction de son
mari : « je rêve ou quoi ? ».
Malgré
l’absence de sa femme dans ce haut-lieu du pipi et du kaka, il ne s’est pas
empêché d’en rester à sa première réaction et de demander au vide :
« Arlette tu es là ou pas ? »
Au
bout de plusieurs minutes, Alphonse a réalisé que sa femme n’était pas dans les
toilettes. En lui priant de se montrer et d’arrêter avec ses petits jeux, il a
fait le tour de la maison sans trouver Arlette.
Mais
déjà, comment pouvait-elle s’échapper des W.C ? Cet espace entouré de
tôles, haut de 2 mètres
n’avait qu’une seule entrée et une seule sortie. Donc Arlette n’avait pas pu
s’échapper.
Mais,
malgré cette évidence, Alphonse a poursuivi ses recherches dans la maison. Les
enfants réveillés et informés, ont prêté mains fortes à leur père durant toute
la nuit, dans la maison, les W.C, aux abords immédiats de la maison, puis le
quartier.
Le
quartier alerté, est venu à l’aide de la famille infortunée. Finalement, c’est
toute la ville qui s’y est mise. Arlette a disparu. On ne la reverra
plus.
Les
investigations des féticheurs, ont conclu à une aspiration de son être tout
entier par les sorciers de la famille de son mari, via le trou à kaka des
toilettes en tôles.
Depuis,
Alphonse pleure sa bien-aimée, et a décidé tôt ou tard, de venger sa mort ou
mieux sa disparition, qui s’est produite pendant qu’il veillait devant la porte
d’entrée des toilettes.
Poursuivons
les échanges sur elvisjunior73@gmail.com
Elvis
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