1ere foire de l’emploi du Congo : une opération de communication ?



La Foire de l’Emploi et des Métiers du Congo en sigle FEMCO a vécu. Ouverte le 16 novembre dernier à Brazzaville, sous la houlette des dirigeantes de l’Agence CLASS’EXPO, initiatrices de cette manifestation foraine, Mmes Jennifer NGUESSO et Paule   SASSOU-NGUESSO, la FEMCO a connu la participation de plusieurs membres du Gouvernement et des acteurs économiques triés sur le volet, et a pris fin hier 18 novembre, au Palais des Congrès de la ville-capitale.
 Selon les organisatrices, la FEMCO vise entre autres missions : la mise en relation des demandeurs d’emploi avec les chefs d’entreprise. Cette première édition, a connu la présence de plus de 1200 participants, réunis autour des thématiques qui ont toutes porté sur les opportunités d’emploi au Congo.

 Plus de 25 stands d’exposition sur les 10 secteurs les plus dynamiques de notre économie (télécoms, banques et finances, BTP, hydrocarbures, agriculture et élevage, économie forestière, etc.) ont été ouverts aux demandeurs d’emploi pour leur présenter les secteurs d’activités qui  recrutent chez nous.

 «  Mise en relation des demandeurs d’emploi avec les chefs d’entreprise », telle est la noble mission que s’est assignée, l’Agence CLASS’EXPO à travers ses deux dirigeantes. Ce qui suppose qu’au Congo-Brazzaville, il existe un marché de l’emploi.

 D’où la nécessité d’organiser une foire y relative. La foire étant un marché où se rencontrent les vendeurs et les acheteurs et dans le cas d’espèce, un marché où se rencontrent l’offre et la demande du marché du travail au Congo.

 Le travail existerait donc au pays de Marien. Pourquoi donc la récente étude de la Banque Mondiale renseigne que plus de 35% des jeunes congolais sont au chômage ? Où pourquoi le Ministre OKOMBI SALISSA, ouvrant la FEMCO, affirme que plus d’un 1/3 des congolais sont  sans emplois ?

 Parler d’une foire de l’emploi semble exagérer dans notre pays. Les chiffres avancés par la Banque Mondiale et le Ministre en charge de la formation qualifiante, montrent que l’emploi est la cinquième roue du carrosse, de la croissance à deux chiffres que le Congo affiche depuis plusieurs années.

 Organiser une foire sur ce thème paraît être un non-événement ou mieux un coup de communication de mauvais goût, qui viserait seulement à mettre sur le devant de la scène médiatique, les organisatrices de cette fête foraine, longtemps restées dans le noir.

            D’ailleurs, les organisatrices de la FEMCO, ne semblaient pas se faire d’illusions sur l’issue attendue de cette foire. En témoignent, les propos tenus par la coordonatrice de l’Agence CLASS’EXPO, organisatrice de la FEMCO, sur le plateau du 20H de TV Congo le 15 novembre dernier.

 Répondant à la question de Boris ILOYI-IBARA sur les résultats attendus, Mme Nancy NICOLLESSI, a pris l’image de l’agence matrimoniale pour parler de la FEMCO qui met en relation un homme et une femme sans obligation de résultat pour l’Agence.

 Pourquoi donc organiser une foire de l’emploi si l’on n’est pas certain d’obtenir les résultats en termes de recrutement des jeunes sans emploi ? Ne serait-ce pas là une opération de communication contre productive pour les tenants du pouvoir en termes d’image  en enfonçant le couteau dans la plaie grande ouverte du chômage au Congo ? Donc rendre nerveux ceux qui sont réellement dans la recherche d’un emploi et qui ne peuvent le trouver malgré leur participation à la FEMCO? Qui le temps d’une foire (2jours) auront plus l’eau à la bouche que l'espoir de boire ou de manger ?

 Pour répondre à la question de l’emploi au Congo-Brazzaville, il faut commencer par soigner le mal à la racine. En mettant en place une politique d’emplois des jeunes à travers des dispositifs appropriés, et en  rendant public, les offres d’emploi afin de donner la chance à tous les congolais, d’où qu’ils viennent, de postuler aux différentes offres publiées.

 Car comment expliquer qu’une société qui voit le jour chez nous, dispose déjà d’un personnel alors même qu’aucune offre d’emploi n’a été déposée à l’ONEMO et publiée ? Sur quelle base les recrutements ont été faits ?

 Où comment croire le Ministre TSIBA qui affirme que plus de 12.000 fonctionnaires ont été recrutés dans la Fonction Publique congolaise ses dix dernières années, alors même que personne n’a été informée de ses recrutements ?

            Mettre en place une politique claire en matière d’emplois, et recruter les congolais sur le mérite, à travers des offres d’empois ouvertes au public, c’est commencer à régler le problème du chômage au Congo.

Le contraire serait un coup de bluff et une communication hasardeuse pour le pouvoir si tant est que le Gouvernement congolais par le biais du Ministère de l’Emploi est partenaire de la FEMCO.
 Que faire pour donner une première réponse à la question lancinante du chômage au Congo ?

 Dans notre article du 04 courant portant sur la nécessité d’un plan national d’actions sociales (PNAS), nous avons suggéré l’idée de la mise sur pied des contrats aidés. Il s’agit pour le Gouvernement de se passer de quelques taxes afin d’obliger les entreprises à recruter.

L’Etat peut même fixer le nombre de congolais à recruter, dans la mesure où il accepte, de se priver de certaines entrées financières pour subventionner le salaire des diplômés sans emploi.
 Concrètement comment peut-on mettre les contrats aidés en place ?
 Prenons un cas d’école. La Société NGATSETEL, leader de la téléphonie mobile chez nous, emploie 300 congolais.

 Avec une masse salariale de plus ou moins 200 millions de FCFA par mois, la société NGATSETEL verse au titre de la masse salariale à la CNSS 20.78% soit 41.560.000 FCFA, 2% à la SOPROGI soit 4.000.000 FCFA, 3% pour la taxe d’apprentissage soit 6.000.000 FCFA. Total de taxes sur la masse salariale : 51.560.000 FCFA.

De par sa position de leader sur le marché de la téléphonie mobile au Congo et disposant de 1.300.000 abonnés actifs qui achètent au moins une carte de 5.000 FCFA par mois, la Société NGATSETEL réalise un chiffre d’affaires de 6 milliards 500 millions de FCFA par mois et paye 1% de taxe sur le chiffre d’affaires soit 65 millions de FCFA, 0.50% à l’ONEMO soit 32.500.000 FCFA et 18% de TVA soit 1 milliard 170 millions de FCFA. Total de taxes sur le chiffre d’affaires : 1.267.500.000 FCFA.
Soit un total général de 1milliard.319 millions60milles FCFA.
 Les contrats aidés consistent pour ce cas d’école, à ramener par exemple la TVA qui est de 18% à 12% soit 780millions de FCFA que la Société NGATSETEL va désormais payer à l’Etat. Ce qui lui permettra de recruter à la demande de l’Etat congolais, 300 jeunes congolais, qu’elle payera avec les 390.000.000 de FCFA qu’elle a économisé sur les 18% de la TVA initiale.

 Et Dieu sait combien de grandes entreprises existent au Congo. Justement dans les secteurs ciblés par la FEMCO. Et si les 25 exposants de la FEMCO bénéficient de telles mesures de la part de l’Etat pour recruter, le Congo-Brazzaville engagera le décollage vers le plein emploi.

C’est pourquoi, nous disons qu’il faut d’abord prendre les mesures qui favorisent la création des emplois. En commençant par la mise en place des dispositifs comme les contrats aidés et une fois les dispositifs mis en place, mettre à la disposition de tous les congolais les offres d’emplois et leur permettre de postuler librement et sur la base du mérite, les recruter.
Rêvons pour finir. Si les 25 sociétés présentent à la FEMCO avaient recrutées 300 jeunes entre le 16 et le 18 novembre dernier, ce 19 novembre,  le Congo-Brazzaville devait se réveiller avec 7.500 chômeurs en moins.
Poursuivons la discussion sur elvisjunior73@gmail.com

ELVIS NGATSE

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